Faire la paix

Un peu d'histoire...

Niklas Jeromin

Les deux conflits mondiaux ont été suivis de tentatives d'institutionnalisation d'une paix durable. En 1945, l'Organisation des Nations (ONU) s'efforce de tirer les leçons des échecs du système de sécurité collective mis en place en 1919 par la Société des Nations (SDN) et se dote de mécanismes ambitieux de diplomatie préventive et de résolution multilatérales des conflits. Aujourd'hui, et cela depuis la guerre froide, tout se mécanisme de prévention est confronté à un changement profond de l'ordre mondial. 

Des missions de paix plus complexes.                                                                                       Abondamment, sollicitée, à partir de 1989, pour rétablir la paix dans les conflits essentiellement internes, l'ONU intervient dès lors sans autorisation préalable systématiques des gouvernements ou des factions rivales, ni de mandat précis sur ses modalités d'interventions. Après les désastres des missions en Somalie (1992), en Bosnie (1992) et au Rwanda (1994), elle met en place des opérations militaires civiles, combinant imposition et consolidation de la paix afin de stabiliser des Etats fragilisés voire effondrés. Elle utilise ses organes spécialisés dans le développement(HCR, PNUD, PAM, etc.) et coopère avec des ONG locales et internationales pour construire ou restaurer les administrations et les infrastructures, superviser les élections, développer l'appareil l'appareil judiciaire, protéger les droits de l'homme, rapatrier les réfugiés...Elle s'efforce aussi d'assurer la sécurité civile, de déterminer les zones de combat et de démobiliser, de désarmer et de réinsérer les anciens combattants. 

Des obstacles multiples                                                                                                               Les interventions onusiennes dépendent du bon vouloir du Conseil de sécurité et notamment du non-usage du droit de veto par un membre permanent. L'ONU n'est pas doté d'une armée propre pourtant prévu dans sa charte mais de forces multinationales détachées pour chaque mission par des gouvernements volontaires. Elles proviennent essentiellement des pays du Sud, les pays du Nord rechignant à envoyer leur troupes dans des opérations ingrates et onéreuses. Les casques bleus étant souvent sous équipés et mal préparés, l'ONU commence à recourir à des sociétés militaires privées. Cette externalisation et privatisation de la gestion de la paix, pratiquée par plusieurs pays industrialisés, soulèvent de multiples interrogations. Le bon déroulement des missions dépend aussi du respect des engagements financiers des États.

Multiplication des acteurs                                                                                                    Les organisations régionales (OTAN,UE, OSCE, UA, LA CEDEAO, ETC.) ou des coalitions d'États volontaires procèdent de plus en plus à des missions de paix, parfois sous mandat de L'ONU, voire en concurrence avec celle-ci. Les grandes puissances mettent en outre en placées structures multilatérales de négociations ad hoc.

Ingérence                                                                                                                                           Aussi divers que soient les intervenants de la paix, la complexité des tâches qui leurs sont confiées dans des contextes d guerre  civiles souvent régionalisées nécessitent une meilleure compréhension des acteurs locaux, de leurs logiques, de leurs allégeances et de leurs comportements. Le passage de la guerre à la paix ne se joue plus seulement sur les champs de bataille, mais également dans la relation entre l'État, son environnement régional et la société concernée par une intervention extérieure touchant à des enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels internes.

Sources : Marie François Durand,  Philippe Copinschi, Benoît Martin, Delphine Placidi

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